Stephen Burks: Afro-Américain d’âme et de culture

Stephen Burks Photo: courtesy of Eugeni Augilo and BD Barcelona

Stephen Burks: Man Made | Industry News

Stephen Burks Photo: courtesy of Eugeni Augilo and BD Barcelona

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Les créations mobilières de Stephen Burks, de son nom d’artiste Stephen Burks Man Made, associent généralement des traditions tribales à une esthétique contemporaine fusionnant des techniques artisanales ancestrales à sa vision de designer. Afro-Américain élevé dans la région américaine du Midwest, Stephen Burks s’est toujours senti lié à l’Afrique. Ce n’est qu’après avoir été profondément marqué par sa première visite sur le continent africain en 2005 qu’il a décidé d’intégrer des influences africaines à son travail. En 2007, il a collaboré avec des artisans sud-africains sur des récipients en fils métalliques peints dans le cadre de sa collection de tables TaTu pour Artecnica et avec des vanniers sénégalais sur des abat-jours et des luminaires tissés en foin d’odeur et en plastique recyclé aux couleurs vives. Le créateur de meubles parle de sa relation avec l’Afrique et de l’évolution de son travail.

Stephen Burks, Senegal Basket Weaving Village, 2015 Photo: courtesy of BD Barcelona

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Stephen Burks, Senegal Basket Weaving Village, 2015 Photo: courtesy of BD Barcelona

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TLmag : Vous êtes né et avez grandi à Chicago. Que savez-vous de vos racines africaines et des origines de votre famille ?

Stephen Burks : Comme chez la plupart des Afro-Américains qui n’ont pas fait de test ADN, les origines africaines de ma famille ont été effacées par les ravages de l’esclavage. Nous le reconnaissons bien évidemment et, curieusement, nous en savons davantage sur nos autres ascendances, notamment irlandaise/écossaise et amérindienne.

Grasso Collection for BD Barcelona x Bolon Photo: courtesy of BD Barcelona (top); Man Made Collection, 2014 (above) Photo: courtesy of Stephen Burks

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Grasso Collection for BD Barcelona x Bolon Photo: courtesy of BD Barcelona (top); Man Made Collection, 2014 (above) Photo: courtesy of Stephen Burks

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TLmag : Comment l’Afrique a-t-elle influencé votre pratique artistique ?

S.B. : J’ai grandi avec une profonde conscience de mes racines et de la beauté des diverses cultures africaines. Pendant mes cinq premières années de travail, j’ai produit des pièces très contemporaines et révélatrices de mon éducation moderniste. Lorsque j’ai été invité à travailler en Afrique du Sud en tant que consultant en développement de produits pour l’organisation à but non lucratif Aid To Artisans, j’ai découvert différentes traditions artisanales ancrées dans l’immédiateté de la fabrication qui m’ont fait comprendre que le design était un concept occidental. En collaborant avec de nombreux artisans sud-africains talentueux qui n’avaient reçu aucune formation en design, j’ai compris que l’on pouvait aborder différemment le processus de création et que l’approche européenne du design n’était pas la seule à pouvoir fonctionner.

Senegalese Woman with Basket Photo: courtesy of Stephen Burks

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Senegalese Woman with Basket Photo: courtesy of Stephen Burks

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TLmag : Racontez-nous votre premier voyage en Afrique. Qu’en avez-vous rapporté ?

S.B. : Pendant mon premier séjour au Cap en 2005, j’ai travaillé en rotation quelques heures par jour avec douze groupes d’artisans différents. On pourrait presque parler de « camp d’entraînement », dans la mesure où j’étais pour la première fois confronté au cycle complet d’un produit et à l’impact considérable de sa réalisation sur la vie des artisans locaux. À de nombreux égards, plus le risque était grand pour eux, plus je tentais d’innover. Beaucoup perdaient de l’argent par le simple fait de prendre le temps de travailler avec moi ; j’ai donc ressenti la responsabilité pressante de leur proposer des concepts immédiatement applicables et susceptibles d’influencer positivement leur situation économique. Pour un jeune créateur, c’était à la fois une énorme pression et une expérience palpitante de constater la portée de mes créations. Pour la première fois de ma vie, j’ai pu voir de mes propres yeux les conséquences directes du partage de réflexions et de stratégies de création pour le développement de produits, un processus diamétralement opposé à la création pour un riche client. J’y ai vu une nouvelle voie, liée d’une certaine manière à mon identité africaine, et le besoin de solutions créatrices susceptibles de produire de véritables conséquences économiques chez ces populations locales. J’ai donc commencé à me demander comment distribuer sur le marché international des productions artisanales communautaires provenant de différents pays du monde.

Stephen Burks, Senegal Basket Weaving Village, 2015 (top); Man Made Collection, 2014 (above) Photos: courtesy of Stephen Burks

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Stephen Burks, Senegal Basket Weaving Village, 2015 (top); Man Made Collection, 2014 (above) Photos: courtesy of Stephen Burks

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TLmag : Pourriez-vous nous parler de Man Made ?

S.B. : Man Made est une philosophie ou une stratégie à laquelle mon atelier tente de donner corps. Notre objectif consiste à replacer l’artisanat au cœur de l’industrie. Nous sommes convaincus que la contribution humaine à la création accroît le potentiel d’innovation. Nous vivons à une époque où des consommateurs plus conscients recherchent des produits conformes à cette prise de conscience. Certains fabricants ont déjà apporté des réponses à ces préoccupations en proposant des produits plus durables. Nous essayons pour notre part de nous aligner sur les clients et collaborateurs qui nous permettent de participer à un processus créatif tout en proposant de nouvelles solutions artisanales à des problèmes de design contemporains.

Interview de Ann Binlot

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