Susciter un sentiment de communauté grâce à des architectures ouvertes.

Diébédo Francis Kéré Photo: © courtesy of Erik Ouwerkerk

Architecture/New Models: Diébédo Francis Kéré | Industry News

Diébédo Francis Kéré Photo: © courtesy of Erik Ouwerkerk

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Le travail de Diébédo Francis Kéré ne se résume pas à un amas de verre, d’acier et de briques. Si cet architecte burkinabé dessine des bâtiments composés de matériaux locaux et de structures ouvertes en adéquation avec les conditions climatiques du continent africain, son pavillon de 2017 pour la Serpentine Gallery de Londres a toutefois révélé que les principes de ses créations pouvaient également s’appliquer à des climats plus tempérés.

Serpentine Pavilion Photo: courtesy of Kéré Architecture

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Serpentine Pavilion Photo: courtesy of Kéré Architecture

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Son architecture gravite autour du concept de frontière : les espaces intérieurs et extérieurs sont délimités par des murs, des fenêtres et des toits, tandis que les étages sont séparés par des plafonds et segmentés en plus petites unités par des portes et des murs intérieurs. Diébédo Francis Kéré prend toutefois le contrepied d’une telle approche en privilégiant l’ouverture et la connectivité à l’isolation spatiale. « Originaire d’Afrique, j’ai l’habitude de me retrouver confronté à la rude réalité du climat et du paysage naturel », explique l’architecte.

À Gando, son village natal, il a été le premier enfant à fréquenter les bancs de l’école. À sept ans, il est parti vivre en ville avec son oncle. Devenu charpentier, il a ensuite obtenu une bourse pour étudier l’architecture à l’Université technique de Berlin. Pendant ses études, il a fondé une association destinée à financer une école primaire dans son village, dont la construction s’est terminée en 2004. Immédiatement après, Diébédo Francis Kéré a fondé son propre cabinet d’architecture à Berlin.

Intérieur bibliothèque Hando (1); Gando, Burkina Faso (2) Photos: courtesy of Kéré Architecture

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Intérieur bibliothèque Hando (1); Gando, Burkina Faso (2) Photos: courtesy of Kéré Architecture

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L’école de Gando a été le point de départ d’une amélioration des principes de construction, pensés en fonction des spécificités du site. Habituellement utilisé pour bâtir les écoles du Burkina Faso, le béton a été écarté par Diébédo Francis Kéré car il chauffe trop vite et requiert d’immenses quantités d’énergie pendant le processus de construction, une exigence inconcevable dans un village coupé du réseau. Le jeune architecte a en effet préféré recourir à des briques en terre fabriquées sur place et aux traditions de construction locales.

Gando Primary School (1); Grando Primary School, Front (2) Photos: © courtesy of Erik Ouwerkerk

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Gando Primary School (1); Grando Primary School, Front (2) Photos: © courtesy of Erik Ouwerkerk

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Une toiture en porte-à-faux et des murs ouverts permettent à l’air de circuler, créant ainsi un système de refroidissement naturel qui n’utilise pas l’électricité et fonctionne parfaitement dans une région où les températures atteignent facilement les 45 degrés. « Le fait d’avoir grandi dans un village au beau milieu du désert m’a rendu profondément conscient des répercussions sociales et culturelles du design. Je pense que l’architecture a le pouvoir d’unir et d’inspirer, tout en communiquant avec des domaines tels que la communauté, l’écologie et l’économie », explique Kéré.

Serpentine Pavilion Photos: courtesy of Kéré Architecture

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Serpentine Pavilion Photos: courtesy of Kéré Architecture

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En 2017, commissionné par Hans Ulrich Obrist, il a conçu le pavillon de jardin annuel de la Serpentine Gallery de Londres. Fondé sur la notion d’ouverture, ce bâtiment temporaire disposait de quatre points d’entrée menant à une cour ouverte, où les visiteurs pouvaient s’asseoir et se détendre. Son toit en porte-à-faux protégeait du soleil pendant la journée et tenait lieu de panneau lumineux la nuit. Un oculus percé au milieu du toit mettait singulièrement en valeur le climat britannique : en cas de pluie, la structure du toit recueillait l’eau, qu’elle faisait s’écouler en une spectaculaire cascade ensuite évacuée par un système de drainage aménagé dans le sol.

« Dans ma culture, certains arbres revêtent une signification spirituelle et constituent d’importants points de rassemblement et de prise de décision pour la communauté. À la façon d’un arbre, ce pavillon protégeait du soleil tout en permettant de ressentir le vent et la pluie », explique Kéré. Les notions d’intérieur et d’extérieur disparaissent ainsi au profit d’une structure ouverte et accueillante qui n’en est pas moins protectrice, favorisant les rencontres sociales tout en exacerbant la sensualité de la nature. Loin de considérations telles que le nombre de mètres carrés ou l’esthétique souhaitée par l’investisseur, le processus de construction revêt ainsi un agréable aspect humain.

Par Norman Kietzmann

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