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Il y a des artistes numériques qui sont de véritables fanatiques de cette forme d'art et qui peuvent être considéré comme des « nerds » dans leur champ d'expertise. Ces gens semblent totalement absorbés par leurs propres mondes virtuels, à un point tel qu'il est parfois difficile pour un profane de les comprendre.

Tous les artistes du 3-D numérique sont aussi, à leur façon, de grands enthousiastes, dédiés à leurs tâches et qui investissent beaucoup de temps dans cette passion. Avec leurs systèmes Gigahertz refroidis à l'eau spécialement configurés, leurs cartes graphiques ultra performantes et mus par leurs ambitions, ils tentent non seulement de reproduire le plus fidèlement possible la réalité de façon virtuelle, mais aussi de la dépasser.

Ainsi, par exemple, ils peuvent scanner sans trop d'effort 800 livres, incluant leurs signes d'usage, et reproduire dans tous ses détails leurs versions originales afin de créer une bibliothèque virtuelle à partir de rendus virtuels d'apparence quasi réelle plutôt que d'utiliser un faux-semblant cubique que l'on trouve ordinairement dans les logiciels conçus pour ce genre de travail.

Premier prix: Jeffrey Faranial

"Comme si c'était vrai..." | Industry News

Premier prix: Jeffrey Faranial

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Cela est-il exagéré ? Pourquoi investir tant d'efforts et de temps pour reproduire ainsi la réalité alors qu'elle s'offre à nous concrètement ? N'est-ce pas là, à un certain degré, une façon de manifester notre désenchantement ou notre réprobation du monde réel ? Faisons-nous cela parce que nous refusons d'accepter la réalité telle qu'elle se présente à nous, constituée de ses propres limites ? Ou plutôt parce que nous voulons créer de nouveaux mondes, plus beaux, meilleurs ou tout simplement différents de celui dont nous faisons l'expérience ? Peu importe la motivation, nous pensons que cela peut faire du sens.

Ces artistes, passionnés et intellos réussissent, par leurs créations, à faire toute la différence entre « Godzilla 1» et ses versions subséquentes (2 et 3). Par leur travail et leurs savoir-faire, ils contribuent à développer un processus qui, à la fin, nous permet de prendre pour acquis l'existence d'images virtuelles (qui semblaient hors de portée à notre imagination il n'y a pas si longtemps) comme si elles étaient là depuis toujours. Nous les tenons pour réelles à un niveau tel que nous ne percevons plus la différence entre les images réelles et celles reproduites virtuellement; si bien par exemple qu' « Avatar », un film entièrement conçu à l'aide de technologies numériques, nous paraît tout à fait réel.

Certains de ces créateurs participent à la gestion et travaillent pour Evermotion, une compagnie basée en Pologne – et non pas à Silicon Valley comme plusieurs pourraient le penser. Evermotion conçoit et vend des applications 3-D virtuelles. On compte plus de 200 000 utilisateurs inscrits dans le monde. La compagnie est par ailleurs devenue le plus important forum internet pour les créateurs de dessins assistés par ordinateur (Computer Graphic community).

AAndres, un fabricant-designer de meubles basé en Suisse, s'est associé à Evermotion pour lancer un concours où les participants ont été invités à concevoir un espace virtuel tridimensionnel qui inclus les meubles modulaires de ses systèmes « Eileen » et « Frank ». Le jury devait tenir compte dans son évaluation de critères tels la qualité du rendu, l'utilisation de la lumière dans leurs présentation, les idées/concepts sous-jacents, ainsi que de la manière dont l'artiste présente le mobilier tout autant que les détails qu'ils affectionnent.

AAndres aurait certainement pu aussi ajouter les photos existentes de ses ensembles modulaires – mais cela est plus difficile à faire qu'il n'y paraît. Ainsi, par exemple, dans une villa située à Belmont-sur-Lausanne et dessiné par les architectes de zo2studios, un système d'étagères « Frank Pro » de 9 mètres de haut a été installé et a impressionné les visiteurs tant en raison de la qualité du matériau utilisé qu'en raison de sa dimension. Il est très difficile de rendre compte de l'effet produit avec une photo, puisqu'il est impossible, à cause de l'architecture même de l'édifice, d'y inclure tous les détails: la maison de quatre étages comprend des planchers de 600 mètres carrés trop vastes et les systèmes d'étagères occupe trop d'espace, si bien qu'il est impossible de trouver un angle convenable pour présenter le tout. C'est là un exemple parfait pour prouver l'utilité d'un système de visualisation virtuel.

Troisième prix: Egor Goray

"Comme si c'était vrai..." | Industry News

Troisième prix: Egor Goray

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On a alors demandé aux artistes numériques de créer des espaces tridimensionnels pour les systèmes de bibliothèque « Eileen » et « Frank » qui seraient aussi attrayant pour les visiteurs que ceux apparaissant sur des photographies – et peut-être même plus encore qu'ils ne sont en réalité.

Nous avons reçus au total 83 dessins de 58 participants en provenance de 20 pays dans le cadre de ce concours, tous de grande qualité, si bien qu'en dehors des trois premiers prix, une dizaine de travaux se sont vu accordés des mentions honorables.

Tous les dessins ont deux caractéristiques fondamentales. La première est que le niveau de rendu technique des travaux est très élevé, ce qui fait état d'efforts importants consentis par certains participants et de l'attention particulière qu'ils ont apporté au rendu des détails et aux arrangements afin de présenter un produit final numérisé qui se rapproche le plus possible de la réalité. En comparaison, les dessins exécuter avec un moindre support technique, avec des arrangements plus éparses et un travail plus rudimentaire de l'éclairage ont l'air artificiels et ne sont pas sans rappeler les anciens jeux vidéos. Leur seconde caractéristique est de montrer les influences sociales et culturelles des participants, de nous informer sur leur situation professionnelle aussi, et même, dans certains cas, des conditions de vie dans lesquelles le travail a été réalisé.

Les essais pour faire paraître l'espace plus décontracté en n'utilisant que peu d'accessoires et de livres sur les étagères et le mobilier créés souvent une atmosphère semblable à celui qu'on trouve dans les magasins de meubles avec leurs décors généralement banals, sans goût, pour ne pas dire souvent de piètre qualité.

Honourable Mention pour Thomas Vournazos (Griechenland)

"Comme si c'était vrai..." | Industry News

Honourable Mention pour Thomas Vournazos (Griechenland)

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Ici, on peut voir que le principe de faire plus avec moins ne s'applique pas. Si la bibliothèque amovible avait été placée autrement, cela aurait surchargé la pièce avec toutes sortes d'objets clinquants, en peluche ou en cristal, en plus d'y voir un mobilier en bois de style classique plutôt envahissant. On aurait alors pu croire que le designer avait auparavant travaillé pour un agent immobilier faisant affaire dans les villages pompeux de Russie.

Les étagères sont remplies de centaines de livres qui montrent des signes d'usure et des marquages, avec en plus quelques livres empilés les uns sur les autres, un cahier à dessin avec un crayon placés sur le devant de l'image, comme si le propriétaire les avaient laissés là, avec quelques post-it collés dessus, donne l'impression à celui ou celle qui regarde d'être face à une scène réelle de la vie quotidienne.

Les tubes néons montrent aussi des marques d'usure, les haut-parleurs, les fils électriques et les lignes téléphoniques qui serpentent les murs et le plafond, tout comme la vue d'ordinateurs tombés en désuétude, viennent compléter un tableau numérique qui semble plus vrai que vrai, la poussière en moins.

Mais n'allons pas trop loin – si un artiste à eu assez d'empathie pour choisir des livres traitant à la fois du mobilier, tout autant que du fabricant, cette personne mérite le premier prix. Et ce prix est allé à Jeffrey Faranial, des Philippines, qui a mis plus de 200 heures à réaliser son oeuvre numérique.

Le designer nous propose un espace contemporain original, défini par un cube fait d'acier, de verre et de béton, qui sort en oblique de la structure d'un gratte-ciel. L'architecture propose une réflexion sur les sociétés et les cultures là où les gens croient toujours qu'on ne peut arrêter le progrès, dans des régions économiques où les gens ont des sueurs froides si le taux de croissance descend sous les deux chiffres, et où tous travaillent en permanence à ce progrès. C'est exactement l'endroit où travaille Jeffrey Faranial, à Bahrain.

Honourable Mention pour João Elias (Portugal)

"Comme si c'était vrai..." | Industry News

Honourable Mention pour João Elias (Portugal)

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Sans exagéré l'affection toute particulière d'une personne pour les détails (on sait à quel point les détails peuvent fasciner, allant même au narcissisme) il faut admettre que c'est là une compétence recherchée chez les virtuoses du virtuel. Dans une salle patrimoniale discrètement éclairée dont les murs en stuc sont lézardés de couches de peinture desséchées, avec un plancher aux motifs en arrêtes (herringbone) montrant les signes d'usure habituels, la bibliothèque contraste avec l'ensemble et a été placée près d'une chaise Tugenhat, comme si c'était la chose la plus naturelle qui soit. Des images sur des supports au sol réussissent à créer une atmosphère vivifiante dans la pièce. Mais pourquoi avoir placé au sol un tapis qui couvre le plancher mur à mur ? On a l'impression que le designer a voulu montrer son talent à parfaire les détails du tapis, une tâche très difficile à réaliser. Le designer aurait toutefois pu simplement dessiner un tapis avec des ondulations. Le second prix du concours va à Viktor Fretyán.

Le troisième prix est remis à Egor Goray. Egor montre du talent et il ne fait aucun qu'il a les compétences pour réaliser des oeuvres numériques permettant d'intégrer divers accessoires à un environnement naturel : un chapeau, un sac, un parapluie et une tasse de café fumant qu'on imagine bien chaud, suggère qu'on attend dans cette pièce une personne.

D'autres présentations ont aussi de quoi nous ravir en raison de l'environnement qu'elles dépeignent : par exemple en plaçant les meubles dans les halls du Bauhaus Dessau de façon à suggérer ou à rappeler le lieu où des meubles ont été conçus. Cela plaira sans doute grandement au manufacturier.

Ici, toutefois, le mobilier s'efface pour laisser parler les impressionnants intérieurs en béton de Tadao Ando, et on cela se révèle encore plus probant lorsque utilise des intérieurs créés par Zaha Hadid. Le mobilier « Frank Pro » est cependant à la hauteur du défi. Ainsi, lorsqu'on présente une seule pièce de mobilier comme modèle dans une photo, on peut le faire sans ajouter d'accessoires et sans amplifier quoi que ce soit. L'idée de présenter ainsi le mobilier sort de l'ordinaire et permet de former un tout agréable avec l'intérieur de la pièce.

Dans la vie de tous les jours, certaines oeuvres numériques présentées dans le cadre de ce concours auraient coûtés des milliers, voire même des centaines de milliers d'euros puisque le mobilier « Eileen » et « Frank Pro » ne sont pas des produits standardisés, mais des pièces de mobilier produites individuellement et de haut de gamme, ce qui a une inévitablement une incidence sur leur prix. Les gens pour qui ces prix semblent trop élevés, mais qui désirent quand même posséder un tel mobilier, peuvent cependant se procurer le logiciel Evermotion; l'ensemble coûte 120 euros et des modules individuels sont également offerts pour 5 euros et plus. Bien entendu, cette option est pour usage virtuel seulement.

1) Godzilla, Japon, 1954, film dirigé par Ishiro Honda
2) Look at regarding film tricks, special effects etc...: Godzilla, USA 1998, film dirigé par Roland Emmerich.
3) For real fans,Godzilla-Final Wars, Japon, 2004, Ryuhei Kitamura

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