Icône du paysage bruxellois, curiosité architecturale ou sculpturale, l’Atomium s’affirme de plus en plus, non seulement comme un monument emblématique et touristique mais aussi comme un pôle culturel du nord de Bruxelles. Entretien avec Arnaud Bozzini, responsable des expositions. Par Catherine Édouard.

Atomium, Bruxelles; photo Alexandre Laurent

L’Atomium: Culturel et contemporain | Architecture

Atomium, Bruxelles; photo Alexandre Laurent

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TLmag : Avec les expositions Brunfaut, Architectonic et la série Intersections, l’Atomium oriente sa programmation vers l’architecture et le design. Volonté délibérée ou effet de mode ?

Arnaud Bozzini : L’architecture, le design, et plus globalement la notion de progrès et d’humanisme font partie de l’ADN de l’Atomium. Il n’est que logique d’étudier ces sujets dans un lieu qui fut créé dans le cadre de l’Exposition universelle de 1958 qui avait pour slogan, rappelons-le, « Bilan d’un monde, pour un monde plus humain ». Cette thématique projette le savoir de l’époque vers l’avenir avec une foi dans la démocratie, le progrès et la technologie au service de l’homme. Le credo des modernistes n’est guère différent dans ses fondements. Il coule donc de source de réaliser des expositions grand public qui révèlent non seulement la personnalité d’architectes modernistes belges majeurs mais aussi l’état d’esprit de l’époque, l’humanisme ambiant qui transparaît dans une recherche formelle caractérisée. Montrer du design contemporain participe d’une autre volonté, celle de s’inscrire dans les grands événements urbains tels que Design September. Le principe consiste à épingler trois pratiques autonomes, en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles, illustrant la diversité de la créativité industrielle de notre pays.

Arnaud Bozzini

L’Atomium: Culturel et contemporain | Architecture

Arnaud Bozzini

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TLmag : À l’occasion de la dernière édition de la foire d’art contemporain Art Brussels, vous avez inauguré une autre série : Artview. Cette initiative participe-t-elle de la même volonté de lier l’Atomium aux grands événements culturels bruxellois ou révèle-t-elle une autre ambition ?

A. B. : Il faut remettre les choses à leur juste place. Il s’agit d’un format d’exposition très modeste, une sorte de capsule qui jette sur l’art contemporain un regard insolite, à travers la sélection d’un collectionneur privé au sein de sa propre collection. La démarche entend sortir l’art des centres qui lui sont dédiés et offrir un discours inattendu. Il aurait pu être didactique, nous avons préféré le rendre humain. À travers la vision d’un collectionneur, ses choix, ses doutes, ses audaces, le visiteur se réapproprie un art qui peut paraître élitiste et savant. La première invitée, Galila, a abordé l’art contemporain à travers le prisme de ses émotions, sans intellectualiser la chose outre mesure. Le subjectif et l’affect l’emportent sur la raison et la spéculation. C’est un positionnement qui parle au grand public. Par ailleurs, cet événement est soutenu par la Fondation Atomium dont les membres sont particulièrement sensibles, sinon investis dans le milieu de l’art. Le vernissage de cette micro-exposition a drainé un public qui délaisse souvent l’Atomium pour des musées par essence plus spécialisés. En reprenant les chemins du monument de Waterkeyn, ces personnes deviennent nos ambassadeurs.

Visual System, 'Transit'; photo Visual System

L’Atomium: Culturel et contemporain | Architecture

Visual System, 'Transit'; photo Visual System

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'Architectonic', des façades en béton; photo Atomium

L’Atomium: Culturel et contemporain | Architecture

'Architectonic', des façades en béton; photo Atomium

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TLmag : Singulière, l’exposition « ID#2013 Poème numérique » brasse son, lumière et arts numériques. Quel est le sens de cette intervention ?

A. B. : Elle est toujours liée à l’histoire, très présente, du bâtiment. En 1958, Le Corbusier collabore avec Iannis Xenakis et Edgard Varese pour animer le pavillon Philips d’un « poème électronique », une animation expérimentale mêlant son et lumière. « ID#2013 »est un clin d’œil à ce moment historique. Le décloisonnement des disciplines que Le Corbusier opère en 1958 continue de prévaloir aujourd’hui et d’inspirer la programmation de l’Atomium. Trois collectifs sont intervenus dans l’exposition : Visual System, [Anti VJ] et LAb[au], qui se sont emparés des espaces pour installer des œuvres interrogeant les qualités matérielles et immatérielles de la lumière et de l’espace à travers un savant cocktail où convergent son, lumière, images en mouvement, rythme et couleurs.

Mosaïque; photo LAb[au]

L’Atomium: Culturel et contemporain | Architecture

Mosaïque; photo LAb[au]

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TLmag : Au programme ?

A. B. : Nous avons demandé à Arik Levy de réfléchir à un événement qui contamine l’espace public à travers l’installation – en partie éphémère – de quatre sculptures monumentales. S’adjoindre la complicité de grandes figures internationales fait également partie des légitimes ambitions de l’Atomium.

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Atomium
Square de l'Atomium
1020 Bruxelles/Brussels
T. : +32 (0) 2 475 47 75

Ouvert tous les jours de 10h à 18h

Visual System, 'Infini'; photo Visual System

L’Atomium: Culturel et contemporain | Architecture

Visual System, 'Infini'; photo Visual System

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