MAISON&OBJET annonce la thématique du salon de PARIS janvier 2016 : WILD.

Chassez le naturel, il revient au galop… Entre menace de la disparition et espérance d’une renaissance, la nature reprend le dessus et s’exprime dans tous ses états premiers, du sauvage au sacré. Confronté à un monde formaté par la technologie, l’urbanisation et la domestication à outrance, l’imaginaire s’ensauvage hors des sentiers battus et trouve refuge dans l’innocence d’un paysage primordial, préservé, comme intact. La création contemporaine convoque l’esprit sauvage. On retourne à la forêt pour se réinitialiser. Les formes et les matières se reconnectent avec les éléments pour retrouver l’harmonie avec la Terre-Mère. La poétique du sauvage glane l’élémentaire, le brut, le difforme, le corrodé, le brûlé, le scarifié. On réinjecte de la nature dans l’espace urbain en quête de nouveaux terrains vagues. Comme des chamans, les créateurs invoquent la magie des esprits et des forces surnaturelles. ReWild Yourself.
Marie-Jo Malait, Rédactrice en chef du Cahier d’Inspirations

Désormais, les trois bureaux de style membres de l’Observatoire de MAISON&OBJET se succèdent à chaque session pour développer la thématique, reflet du travail collégial mené tout au long de l’année, sur un espace élargi. Le nouveau Forum d'Inspirations, qui présente l'Espace d'Inspirations, à l'initiative de François Bernard, sera prolongé par le Wild Café-Librairie, conçu par Elizabeth Leriche autour du thème du Cahier d'Inspirations, avec une sélection d’ouvrages illustrant sa bibliographie. Enfin, l’espace de conférences permettra d’ouvrir le sujet et de le restituer dans le contexte plus global des tendances actuelles.

Quatre questions à François Bernard (Croisements):

Quels sont les éléments qui vous ont conduit à choisir le thème Wild?
Lors de notre première réunion avec les membres de l’Observatoire MAISON&OBJET, j’ai partagé mon sentiment d’un courant opposant fraternellement le soft et le raw, le sophistiqué et le brut. Le thème « sauvage » est apparu au fil de nos échanges comme une synthèse. Dans le terme sauvage, qui vient du latin sylvia (forêt), il y a la fascination et la peur de l’inconnu, la limite de notre humanité. Il évoque la sophistication du naturel et l’énergie de l’indompté, qui exercent une puissante force d’attraction sur nos imaginaires. Le sauvage, c’est l’altérité absolue. Il nous sort de notre zone de confort pour nous questionner sur notre place dans le vivant. Face aux horizons indéfinis de l’anthropocène, nous sommes portés par la nostalgie d’un lien rompu avec la nature. Les arts plastiques, la gastronomie, l’art de vivre, la cosmétique et bien entendu les arts décoratifs recherchent le sauvage et s’en inspirent.

Comment allez-vous aborder le thème?
J’ai imaginé une approche stylistique en trois/cinq temps. L’Espace ouvre sur l’idée originelle du sauvage, avec l’évocation de la forêt profonde. Il se poursuit avec l’idée d’un ensauvagement de la ville dans ses interstices, mais aussi dans l’architecture des paysages domestiques et commerciaux. Enfin, le dernier volet de l’exposition aborde une dimension plus spirituelle du thème autour du sacré et du rituel.

Y a-t-il un vocabulaire de formes et de couleurs propres au sauvage?
On parle de formes au caractère indistinct ou brut et de Scénographe de l’Espace d’Inspirations MAISON&OBJET PARIS en janvier 2016 Quatre questions à François Bernard (Croisements) couleurs qui tournent autour des gammes du jaune, du vert, du bleu verdi, du kaki, du brun terreux, de la rouille, de l’anthracite et du brûlé. Les textures sont importantes notamment lorsqu’elles traduisent le tremblement du temps. Les effets « méchés » sont aussi recherchés, avec par exemple le retour des tapisseries murales. Les longs poils de coton ou de laine remplacent la fourrure.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de créations qui illustrent le thème?
Je pense spontanément au banc Olmo de Il Labotorio dell’Imperfetto, qui ressemble à un tronc calciné tout droit sorti d’une forêt primordiale, ou aux formes minérales de la collection Species, éditée par Fredrikson Stallard. Dans ces deux exemples, des matériaux comme la fibre de verre sont travaillés pour reproduire des formes primitives. Les céramiques de la collection Adaptive Manufacturing d’Olivier Van Herpt sont aussi intéressantes. Réalisées en impression 3D, elles traduisent dans une technique de pointe les influences aléatoires de l’environnement. Ce goût de l’indéfini est parfaitement à l’œuvre dans les tapis imaginés par Helmut Lang pour Henzel Studio. Il y a aussi les planches d’herbiers développées par le Studio Marteen Kolk et Guus Kusters pour Thomas Eyck, qui illustrent une forme de néo-naturalisme. Et je trouve très inspirante la série de photographies du Suisse Charles Fréger, dans laquelle il montre des personnages en costumes issus du folklore chamanique européen. Il y a une poétique de la pensée magique et du symbolique que l’on retrouve par exemple dans la table Big Foot d’e15, où sous le plateau de bois massif sont gravés des dessins quasi hiéroglyphiques.